Marginoplastie
La marginoplastie est une technique chirurgicale qui vise à remédier à une malposition des cils, à l’origine d’une irritation de l’œil. En quoi consiste cette intervention ? Quelles sont ses suites normales et ses éventuelles complications ? Voici tout ce qu’il y a à savoir sur la marginoplastie palpébrale.
Marginoplastie : qu’est-ce que c’est ?
La marginoplastie est un traitement chirurgical de la malposition des cils, et en particulier du trichiasis et du distichiasis. Ces deux affections se caractérisent par un frottement des cils sur la cornée en raison d’une orientation inhabituelle de ces derniers, tournés vers l’œil au lieu d’être tournés vers l’extérieur.
- Le trichiasis est une anomalie du sens de pousse des cils : ils sont bien situés sur le bord externe de la paupière mais au lieu d’être implantés vers l’extérieur, ils poussent tournés en direction du globe oculaire, qu’ils frottent.
- Le distichiasis consiste en une seconde rangée de cils, en arrière de la première. Du fait de la proximité des cils avec l’œil, il se produit un frottement continu sur le globe oculaire. C’est une anomalie rare mais handicapante.
L’un et l’autre ont pour conséquences un larmoiement quasi continu et des irritations cornéennes qui peuvent dégénérer en ulcères, avec un retentissement potentiellement grave sur la vision.
Dans ce contexte, la marginoplastie vise à repositionner le bord de la paupière et/ou à retirer les cils anormaux pour faire cesser le frottement et les troubles qui y sont associés. Après avoir réséqué les cils pathologiques, elle éloigne de la cornée le bord palpébral qui sert de support aux cils trichiasiques, en faisant avancer la lamelle postérieure et reculer la lamelle antérieure. L’espace créé entre les deux peut être laissé en l’état ou, plus souvent, comblé par une greffe de muqueuse buccale.
Dans quels cas avoir recours à la marginoplastie ?
Quand le trichiasis ou le distichiasis ne porte que sur un nombre restreint de cils mal positionnés, d’autres traitements que la chirurgie sont possibles. On peut avoir recours :
- À l’épilation (pour quelques cils seulement)
- À l’électrolyse ciliaire
- À la photocoagulation au laser argon
En revanche, quand le nombre de cils concernés par la malposition est important et que la cornée est menacée par le frottement, ces solutions non-chirurgicales ne suffiront pas.
La marginoplastie, avec ou sans greffe de muqueuse buccale, est alors une solution pour faire cesser l’atteinte cornéenne et éviter qu’elle ne dégénère jusqu’à entraver la vision.
Comment se déroule la marginoplastie ?
En pratique
L’intervention se pratique en ambulatoire. Le patient peut rentrer chez lui le soir même. L’anesthésie est locale, avec instillation de gouttes de collyre anesthésiant. En cas de prélèvement d’un greffon buccal, une petite anesthésie locale est également pratiquée sur le site de prélèvement.
L’intervention dure une heure environ. Elle peut concerner un œil ou les deux.
Déroulement de la chirurgie
Le chirurgien incise le bord libre de la paupière, entre les cils et le tarse. Il s’agit d’une lamelle de tissu conjonctif épaisse, incurvée et très résistante. Une fine bandelette, sur laquelle sont implantés les cils mal positionnés, est retirée. Une bandelette de peau (et de cils) peut également être retirée.
Pour remplacer la partie retirée, plusieurs options sont possibles :
- Procéder à une greffe de muqueuse buccale, préalablement prélevée sur le patient. Il s’agit donc d’un greffon dit autologue. La taille de ce greffon est légèrement supérieure à celle de la partie à combler, pour anticiper sa rétraction, qui est normale. Le greffon est ensuite suturé avec des fils résorbables.
- Procéder par “glissement” de la première ligne de cils sur la place laissée par l’ablation du lambeau de peau supportant la seconde ligne de cils.
- Laisser l’espace créévide pour qu’il se comble naturellement, avec cependant le risque d’un défect inesthétique.
Dans certains cas, la marginoplastie peut être complétée par un traitement des cils restants par électrolyse ou par cryothérapie (brûlure des bulbes ciliaires par le froid).
Suites opératoires et post-opératoires de la marginoplastie
Les suites opératoires sont généralement assez simples et peu douloureuses. Elles sont marquées par :
- Un gonflement de l’œil dans les premiers temps, qui va en s’atténuant au fil des jours.
- Un larmoiement dû au gonflement.
- Une difficulté pour garder l’œil ouvert.
- Une irritation dans la bouche, en cas de prélèvement d’une greffe de muqueuse buccale.
Dans les suites, il est prescrit des collyres antibiotiques pour limiter au maximum les risques d’infection de l’œil, dont les conséquences peuvent être très graves. Des bains de bouches sont préconisés en cas de greffe associée.
Certaines précautions doivent être prises dans les jours et les semaines qui suivent :
- Protéger les yeux du soleil, ainsi que la zone de prélèvement du greffon (notamment la zone labiale),
- Éviter les milieux humides (baignade en piscine, sauna, etc.) qui peuvent être source d’infections,
- Éviter de se maquiller les yeux pendant quelques semaines,
- Ne pas fumer pendant la période de cicatrisation
Une éviction sociale d’une semaine environ est généralement à prévoir, car la vision est gênée le temps de la cicatrisation.
Dr Thierry Bury
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Dr Irene De Rosa
Risques et complications de la marginoplastie
La marginoplastie donne de très bons résultats. Les risques de complications sont rares, en particulier quand l’indication a été posée avec précaution.
La consultation préalable à l’intervention est à cet égard très importante : elle permet d’évaluer très précisément l’étendue de la gêne et de confirmer que la marginoplastie est bien la solution la plus adaptée, en fonction de la nature du problème (trichiasis ou distichiasis) et de la quantité de cils mal positionnés. Même quand toutes les précautions ont été prises, on peut cependant relever un risque :
- De déplacement ou de glissement du greffon en cas de greffe muqueuse.
- D’infection dans les suites de l’intervention.
- De récidive de la malposition des cils.
- De mauvaise cicatrisation de la paupière ou, encore plus rarement, de la zone de prélèvement du greffon.
- D’ouverture anormale des yeux due à un problème de cicatrisation.
- D’hématome important, nécessitant une évacuation chirurgicale.
- De persistance d’un larmoiement.
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